• A Marseille, la culture c'est l'attaque, MP 2013

    En plein lancement de Marseille Capitale de la Culture en 2013, je repeins une vieille 104 en rose en piratant le logo officiel de Marseille 2013, que je dĂ©tourne pour en faire “A Marseille, La Culture C’est l’Attaque” avec une kalachnikov en rĂ©fĂ©rence aux rĂšglements de compte qui secouaient la ville. Je rĂ©alise des affiches avec le mĂȘme logo que je colle partout dans la ville la veille de la confĂ©rence de presse internationale qui Ă©tait censĂ©e ouvrir le bal. La confusion sera totale. Je roulerai avec la 104 rose sans papier et sans assurance pendant toute l’annĂ©e 2013 arguant Ă  chaque controle de police que je travaille pour Marseille 2013. J’abandonne le vĂ©hicule Ă  la place des moulins au Panier (celle ou nous avions attaquĂ© le train quelques annĂ©es auparavant). La 104 aura le mĂȘme destin que beaucoup de piĂšces financĂ©es par l’argent public : A LA CASSE.

  • Liban 2006, Une famille en guerre

  • Opulence des Ă©conomies parallĂšles. Prosismic, Fondation Ricard, FIAC, 2004

    Texte et entretien Evelyne Jouanno, commissaire d’exposition

    L’empire de Marc Boucherot est celui de la combine et du systĂšme D, du rĂ©el in vivo pour le meilleur et pour le pire. Quand il n’est pas Ă  Marseille pour dĂ©clencher des actions avec ses “frĂšres” de quartiers (attaque d’un petit train de touristes, badigeonnage en rose de toute une avenue par des enfants, record du monde de vitesse en trottinette
), ou au milieu des fĂȘtes et manifestations avec ses baraques ambulantes et sonorisĂ©es, c’est qu’il se trouve Ă  l’autre bout du monde, dans les coins retirĂ©s et sensibles (Colombie, Nordeste du BrĂ©sil, Maroc, frontiĂšre amĂ©ricano-mexicaine
), d’oĂč il ramĂšne tĂ©moignages filmĂ©s et inspiration. Tournant dos depuis plus de dix ans aux systĂšmes Ă©tablis, l’art est devenu pour lui un champ d’action permettant de nĂ©gocier et d’interagir directement avec rĂ©alitĂ©, d’y soulever aussi les injustices et les incohĂ©rences. Sa pratique prend appui sur les formes d’Ă©conomies parallĂšles, celles qui ne connaissent ni limites, ni frontiĂšres, et contribuent Ă  niveler les valeurs d’usage et d’Ă©change. Les baraques mobiles qui servent Ă  gagner trois sous dans la “misĂšre du monde”, peuvent mĂȘme aller jusqu’Ă  s’installer dans une salle de musĂ©e. Sous l’intitulĂ© Ă  l’humour quelque peu dĂ©calĂ© Tout va bien, l’artiste les utilise alors pour y proposer « Le bonheur pour pas cher ».

    UN ENTRETIEN Evelyne Jouanno / Marc Boucherot

    Depuis plus de dix ans, tu travailles plutĂŽt en “hors-champ” : plutĂŽt hors des structures institutionnelles et du marchĂ© (de l’art !), plutĂŽt hors de France (BrĂ©sil, Maroc, frontiĂšre amĂ©ricano-mexicaine, rassemblements altermondialistes
). Comment considĂšres-tu ton rĂŽle en tant qu’artiste ?

    Je pense que le travail d’artiste et celui de citoyen, c’est pareil. Aujourd’hui on nous parle de mondialisation, mais il faudrait aller regarder sur le terrain comment cela se passe. Mon objectif est d’utiliser l’art comme vecteur de permissibilitĂ© dans un systĂšme de plus en plus rĂ©pressif et intransigeant. Car l’Ɠuvre d’art, une fois dĂ©placĂ©e hors de ses lieux habituels de prĂ©sentation, devient un vide juridique. J’utilise donc sciemment le medium art-culture pour interagir avec la rue. Si j’Ă©tais “monsieur tout le monde”, on ne me donnerait pas ce droit. Sous l’Ă©gide de l’art, tout est permis.

    Tout va bien : un alibi ? une ironie ? un mode de vie ?

    Les trois ! Tout va bien Ă©voque les formes d’Ă©conomie parallĂšle que l’on trouve dans tout le monde pauvre. C’est l’idĂ©e de l’ingĂ©niositĂ© des gens poussĂ©s par les nĂ©cessitĂ©s Ă©conomiques Ă  fabriquer des objets qui puissent avoir une vraie vie Ă©conomique de rue. Car plus il y a de riches, plus il y a de pauvres ; et face au systĂšme international mis en place, d’autres systĂšmes sont inventĂ©s pour survivre. J’ai ramenĂ© mes premiĂšres baraques ambulantes du marchĂ© de recyclage de Casablanca. Mes objets, au-delĂ  d’ĂȘtre de jolies sculptures Ă  regarder dans un musĂ©e, sont capables d’assumer la rĂ©alitĂ© et de s’autofinancer par une fonctionnalitĂ© quelconque (dĂ©bit de boissons, nourriture, objets Ă  vendre…), en donnant une raison sociale Ă  la personne qui les utilise.

    Et LĂ  oĂč tu veux ?

    Mon triporteur LĂ  oĂč tu veux est une utopie permanente. Car pour moi, la vĂ©ritable richesse, elle est de la rencontre avec les autres. LĂ  oĂč tu veux est conduisible dĂšs 14 ans, amĂ©nagĂ© avec sono, micro, enceintes, machine Ă  pression, rĂ©frigirateur, comptoir dĂ©pliant, toit amovible, bĂąche, remorque et groupe Ă©lectrogĂšne. C’est un point de communication mobile capable d’animer une fĂȘte, de diffuser boissons et cigarettes, mais aussi pains au chocolat et films Ă  montrer devant les Ă©coles contre la toxicomanie et les maladies sexuellement transmissibles… LĂ  encore, c’est l’idĂ©e de l’objet qui n’est pas simplement joli Ă  regarder, mais capable de s’adapter Ă  diverses situations et d’assumer une fonction sociale dans la rue.

    Et Le bonheur pour pas cher ?

    Ces pochettes renvoient Ă  l’art consommable : soit tu es fĂ©tichiste et tu les gardes comme Ɠuvres d’art, soit tu les ouvres et les consommes.

    Que signifie pour toi le déplacement de ton travail dans un contexte artistique, comme ici, dans le cadre de Prosismic ?

    Je ne me pose pas la question de savoir si mon travail plaĂźt ou ne plaĂźt pas. Mon souci est que mes objets, qu’ils soient appelĂ©s sculptures ou autres, puissent occasionner de la communication, du bonheur et de la vie.

     

  • Le bonheur pour pas cher avec Aldo Las Vegas, FIAC, Paris 2004

    Charettes Ă  bras

  • FOME ZERO (FAIM ZERO), Boucherot et Lula, BrĂ©sil 2003

  • Eu Moro Aqui/J'habite ici. RĂ©cife & JoĂŁo Pessoa, 1997-2004

     

    Synopsis : JoĂŁo Pessoa, capitale de l’État de ParaĂŻba au BrĂ©sil. Cette communautĂ© d’un millier d’ñmes trie les dĂ©chets pour les revendre Ă  des marchands de matĂ©riaux de rebut. C’est le plus bas niveau de l’échelle de l’économie parallĂšle brĂ©silienne. Ces personnes vivent dans des cabanes de tĂŽles ondulĂ©es et de cartons, et se nourrissent des dĂ©chets trouvĂ©s. C’est en partenariat avec le professeur Giovanni, anthropologue de l’universitĂ© fĂ©dĂ©rale de JoĂŁo Pessoa que ce documentaire a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©. Celui-ci rĂ©alise une thĂšse sur les petites mains de l’économie de survie (dans le domaine du recyclage de matĂ©riaux en tout genre) au BrĂ©sil. Il montre les diffĂ©rentes Ă©tapes du tri et de la sĂ©lection des matĂ©riaux, les conditions inhumaines de survie de ces individus et l’énorme problĂšme Ă©cologique que ce site crĂ©e.

    Catando a vida, de Marc Boucherot, film 20’.

    LES REPERCUSSIONS DU FILM :

    A la suite des prises de vue rĂ©alisĂ©es en 2000 Ă  la demande du professeur de l’UFPB Giovanni Souza sur la rĂ©alitĂ© des collecteurs d’ordures du site du Roger, il Ă©tait incontournable pour Marc Boucherot d’y retourner, afin de constater l’Ă©volution de la situation

    Lors de son retour en fĂ©vrier 2002, la situation a considĂ©rablement Ă©voluĂ©, tout d’abord grĂące aux images faites par Marc en 2000, le professeur Giovanni Souza de Lima a pu faire prendre conscience aux autoritĂ©s et Ă  la presse locale de la gravitĂ© de la situation humaine et Ă©cologique du site.

    A la suite de la diffusion du documentaire, il y a eu un regain d’Ă©nergie de la part des travailleurs et des associations qui les soutiennent pour revendiquer de nouveau des moyens plus dĂ©cents de travail et de survie. Les travailleurs de matĂ©riaux de recyclage (ASTRAMAR) qui habitent sur le dĂ©potoir ou dans la favela du HESS, contigu Ă  la dĂ©charge ont gagnĂ© en investissant les locaux de la PrĂ©fecture de JoĂŁo Pessoa et en manifestant dans les rues de la capitale.

    Un programme a Ă©tĂ© mis au point par le gouvernement de l’État, rĂ©pondant plus ou moins aux demandes des « catadores » (chercheurs de poubelles):

    -Le relogement partiel des gens qui vivaient jusqu’Ă  prĂ©sent dans la dĂ©charge et se nourrissaient de dĂ©tritus. Mais malheureusement ce relogement s’est effectuĂ© dans des conditions proches de celles du dĂ©potoir (environnement trĂšs violent dĂ» Ă  l’insalubritĂ© et Ă  la promiscuitĂ© et surtout dĂ» Ă  l’abandon total des pouvoirs publics).

    -L’interdiction de travailler pour les mineurs de moins de 15 ans avec obligation d’aller Ă  l’école (faute de quoi, on supprime Ă  la famille la bourse dĂ©risoire qui leur est allouĂ©e).Avec la menace de prison si les enfants sont pris en train de travailler sur le dĂ©potoir par la police qui veille 24 h sur 24.

    -La construction d’un mur d’enceinte dissuasif tout autour du lieu.

    -Le retrait définitif des animaux que certains éleveurs urbains nourrissaient sur la décharge (porcs) pour des raisons économiques.

    -la construction d’une centrale de captation afin d’organiser un tri sĂ©lectif fait directement par les « Catadores », Ă©vitant au passage les intermĂ©diaires (atraversadores) qui achetaient jusque-lĂ  de façon obligatoire et rĂ©pressive les matĂ©riaux triĂ©s par les catadores pour les revendre jusqu’Ă  100 fois plus cher Ă  quelques mĂštres de lĂ  aux « vendadores » (vendeurs). A terme, la dĂ©charge devrait d’ici quelques annĂ©es disparaĂźtre pour ĂȘtre transfĂ©rĂ©e ailleurs, mais le problĂšme reste insoluble car aucune autre commune avoisinante ne veut de ce « cauchemar Ă  ciel ouvert ». -Le problĂšme reste dans son intĂ©gralitĂ© pour les dĂ©chets hospitaliers, toujours stockĂ©s dans des tranchĂ©es Ă  l’air libre, sans aucun traitement de dĂ©contamination au prĂ©alable et de maniĂšre totalement illĂ©gale et sur lesquelles les autoritĂ©s ferment les yeux.

  • Nanlin I love you, Triennale de Canton, Chine 2006

     

     

  • Triennale de Canton : pourquoi j'ai du voler ma propre piĂšce, Chine 2006

    Triennale Internationale d’Art Contemporain de Canton, Chine, 2006, Commissariat Evelyne Jouanno et Hou Hanru. Nanlin est une petite ville en zone pĂ©ri-urbaine destinĂ©e Ă  devenir le premier site d’éco-tourisme de Chine. Pour promouvoir ce projet, les entreprises chinoises ont fait appel Ă  trois artistes français (Sylvie Blocher, Matthieu Brillant et moi-mĂȘme). Le projet officiel visait Ă  archiver la mĂ©moire vivante du site avec l’aide des habitants et des Ă©cologues locaux. Je fabrique avec les habitants et  Ă  leur demande un karaokĂ© ambulant invitant « Ă  la dĂ©tente » internationale. Le karaokĂ© est exposĂ© dans un musĂ©e local dans le cadre de la triennale de Canton. Je dĂ©cide de voler ma propre piĂšce pour l’exposer au centre du village de Nanlin ou elle a Ă©tĂ© fabriquĂ©e. Un feu d’artifice d’adieu en forme de croix m’attend. Campai !

     

  • Muito, peu c'est dĂ©jĂ  beaucoup, RĂ©cife, BrĂ©sil, 1996

    Je pars avec Yann Daumas et Sofiane Mammeri vivre et travailler six mois dans la communautĂ© de Tapacura, une favela situĂ©e sur les rives du fleuve Capibaribe de RĂ©cife dans le cadre d’un Ă©change culturel Marseille/Pernambuco. On s’installe chez une famille mais les gens de la favela ne nous font pas confiance. Alors on organise des matchs de foot avec les gamins avec tee shirt Ă  gagner, puis on passe aux ateliers vidĂ©o. Il nous a fallu trois mois pour sortir les camĂ©scopes. Et nous avons rĂ©flĂ©chi a ce que pouvait signifier la crĂ©ation artistique au milieu de l’extrĂȘme pauvretĂ©. La rĂ©ponse s’est imposĂ©e d’elle-mĂȘme quand nous avons eu nous aussi des problĂšmes d’argent. Il fallait trouver un moyen de s’autofinancer. Nous avons construit avec l’aide des gens qui nous entouraient ces fameuses baracas dont nous avons fait un moyen de survie. Les baracas sont des architectures de premiĂšres nĂ©cessitĂ©s, des baraques ambulantes vendant boissons, nourriture et son. Peu Ă  peu, nous nous sommes convaincus de l’idĂ©e de recomposer cet environnement utilitaire qui reprĂ©sente 60% de l’économie parallĂšle du Nordeste. MontrĂ©e Ă  la Fondation Joachim Nabuco, l’une des plus anciennes institutions musĂ©ales de Recife, notre exposition de charrettes Ă  bras fait scandale. Nous nous Ă©tions dĂ©brouillĂ©s pour organiser un systĂšme de transport afin de permettre aux habitants de la favela de venir au vernissage. Pour moi, une action artistique c’est quand une histoire fonctionne et que tous ses acteurs parviennent Ă  s’y inscrire. Et cela a effectivement fonctionnĂ©. Les gens de la favela sont venus nombreux, ont vu leurs objets, se sont appropriĂ©s le lieu, et se sont mis Ă  danser
Mais cela n’a pas amusĂ© l’institution qui ferme le lieu au public deux jours seulement aprĂšs le vernissage.

  • OpĂ©ration Papillon, Guyane, 1995

    OpĂ©ration papillon, n.f. (lat. operation papilio), expĂ©dition trans-guyanaise que je rĂ©alise en 1995 avec Jacky Halter et Marie Ange de la Pinta, la sorciĂšre du Panier. Objectif: explorer la plus grande frontiĂšre francaise et rĂ©ouvrir l’ancienne route migratoire qui permettait aux Indiens EmĂ©rillons de migrer de Camopi vers la cote Caraibe. AprĂšs ĂȘtre partis du Surinam en pirogues en direction du BrĂ©sil et avoir traversĂ© la montagne à pieds avec 23kg sur le dos, on arrive à Camp Jesus. A notre arrivĂ©e, nos guides Ă©taient dĂ©jà partis aprĂšs s’ĂȘtre saoulĂ©s sur place et avec leur paye en poche. Un seul guide de la premiĂšre Ă©quipe dĂ©cide de rester avec nous: Marcel Sabayo, ancien soldat amĂ©rindien du Jungle Commando. Dans la crique voisine, nous dĂ©couvrons une plaque qui indique “Henry de Monfreid est mort à Camp Jesus” et une pirogue coulĂ©e que nous rĂ©parons avec nos habits. Nous fabriquons des rames avec des troncs d’arbres et descendons d’affluent en affluent, en se disant que les petits se jettent dans les grands. Une semaine de voyage sans alcool, sans cigarette avant d’atteindre Camopi en terres Ă©mĂ©rillons et enfin le BrĂ©sil avec Villa BrĂ©sil, premiĂšre enclave brĂ©silienne en Guyane dans l’Ă©tat d’Amapa. Deux mois plus tard, une exposition aura lieu à la mairie de Camopi…

     

  • Les hĂ©ros ne meurent jamais, Colombie, 1993-1994

    FunĂ©railles de Pablo Escobar en Colombie, 1993. A mon retour de Colombie, j’installe des hauts parleurs dans les spots de deal du quartier du panier Ă  Marseille et un soir je diffuse le son d’un documentaire sur l’histoire des cartels de Colombie intitulĂ© ‘A qui profite le trafic de cocaine ?’ Au mĂȘme moment, un grand portrait photographique du parrain colombien est exposĂ© au FRAC (Avis de TempĂȘte, commissariat Eric Mangion)

  • Que de la Marque, HLM du Petit Bard, Montpellier, 1994

    Une exposition des logos gĂ©ants des plus grandes marques de vĂȘtement des annĂ©es 90s dans la citĂ© du Petit Bard (Montpellier). L’exposition sera prĂ©cĂ©dĂ©e d’un match de foot et suivie d’un grand LOTO. Des vĂȘtements de marque pouvaient ĂȘtre gagnĂ©s, mais au Petit Bard personne ne tire le gros lot.

  • Burn out d'un dragster, Marseille, 1993

    A l’invitation de l’École des Beaux-Arts de Marseille autour d’un projet intitulĂ© “Luminy Ă  la rencontre de Marseille” qui cherchait Ă  combler le gouffre entre le mileu des artistes et les habitants de Marseille. Je dĂ©cide de faire venir Ă  l’intĂ©rieur de la galerie un dragster fabriquĂ© par des amis du gang de bikers “les Huns” de Bordeaux  et pilotĂ© par Jojo Merignac, leur prĂ©sident. Le soir du vernissage, on fait un burn out contre le mur allouĂ© par la galerie de l’École d’art. L’idĂ©e Ă©tait de mettre rĂ©ellement en contact les gens de l’École d’art et Marseille. Comment ? En obligeant tous les spectateurs Ă  sortir de la galerie pour se retrouver dans la rue. Le soir du vernissage, on attend que la galerie soit pleine Ă  craquer pour faire dĂ©marrer le dragster, roue avant bloquĂ©e et pneu arriĂšre brulant sur lui mĂȘme jusqu’a exploser dans un vacarme insupportable et une fumĂ©e dense rendant la salle d’exposition irrespirable. Le public des afficionados de l’art contemporain doit alors trouver la sortie et se rĂ©fugier dans la rue. J’avais demandĂ© Ă  des complices d’appeler les pompiers afin de rendre l’atmosphĂšre encore plus chaotique. La rencontre entre l’art contemporain et la rue marseillaise a bien eu lieu ce soir lĂ . Et l’art au final ? Une trace sur le mur laissĂ©e par la gomme du pneu brulĂ© et un trou dans le sol immaculĂ© de la galerie.

  • A la masse, Marseille 1993

    Faire d’une journĂ©e ordinaire de chantier un acte artistique exceptionnel. Suite Ă  une invitation de Anne Marie Pecheur, Jean Baptiste Audat (artiste panafricain) et Francois Batzoli (Professeur d’histoire de l’art qui s’Ă©coute parler) qui venaient d’acquĂ©rir  les grands bains douche de la rue de la bibliothĂšque Ă  Marseille pour y crĂ©er la galerie Art Cade, je leur propose de m’occuper de la dĂ©molition et de l’extraction des gravas de plus de 300 m2 de cloisons, de baignoires en marbre ainsi que de la tuyauterie, chaufferie et d’une immense cuve en mĂ©tal de plusieurs tonnes. Je fonde alors ‘Enterprise” la premiĂšre entreprise de BTP qui n’existe pas avec un poing fermĂ© prĂȘt Ă  frapper comme logo. Pour la sĂ©curitĂ© du chantier, j’opĂšre sous la direction d’un futur grand architecte: Bastien Rispoli. Je constitue un bataillon de 20 collĂšgues de bar que j’habille des pieds Ă  la tĂȘte en respectant scrupuleusement tous les codes visuels des entreprises de BTP avec tenues et outil siglĂ©s au logo “Enterprise”. Je loue des chalumeaux dĂ©coupeurs, un marteau piqueur et une immense benne de 21 m3. Le Jour J c’est titanesque, toute l’Ă©quipe s’envole dans un Ă©lan de destruction massive et c’est le chaos. Les murs tombent les uns aprĂšs les autres, les tuyaux sont transformĂ©s en mikado. L’aprĂšs midi c’est le balet incessant des brouettes qui extraient les gravas vers la benne gĂ©ante. Avec le centre social de la rue D’Aix (toujours ouvert aprĂšs l’opĂ©ration “la Vie en Rose”), j’organise des visites pour les gamins dont les papas travaillent souvent dans le BTP. Des artistes et des gens de la culture suivront la dĂ©molition jusqu’Ă  la fin du chantier. Bilan: 21m3 de gravas, 300m2 de vide, 20 travailleurs bĂ©nĂ©voles, pas d’autorisation, pas d’agrĂ©ment, pas d’assurance, pas de contrĂŽle…pas de blessĂ©. Le tout en plein centre ville… Une Ă©poque bĂ©nie des dieux. Un entrepreneur qui visitait la fin de chantier me propose mĂȘme d’embaucher tout le monde, mais tous prĂ©fĂšrent retourner au bar. AprĂšs deux ans de rĂ©novation, la galerie ouvre ses portes et je participe Ă  la premiĂšre exposition ou je montre tout le matĂ©riel et les outils. Comme pour toutes les entreprises qui n’existent pas, je n’ai jamais eu d’atelier, je n’ai jamais Ă©tĂ© payĂ© et je n’ai jamais touchĂ© d’argent public pour mon travail.

  • Enfin, on rend justice Ă  mon travail

  • On est pas des Gobis, l'attaque du train du Panier, Marseille 1994

    La performance a eu lieu le 14 juillet 1994. Elle consistait Ă  attaquer avec des Ɠufs et de la farine le petit train touristique du Panier qui faisait passer les habitants du quartier pour des singes dans un zoo. Mon objectif : engendrer un dĂ©sagrĂ©ment salutaire. L’épisode fera l’ouverture du 20 heures de TF1. L’action sera jugĂ©e au tribunal et exposĂ©e le mĂȘme jour au MAC de Marseille (photos et mon procĂšs-verbal) posant le problĂšme du jugement de l’Etat et des institutions dans ce type d’affaires.

  • La Vie en Rose, Marseille, 1992

    https://www.youtube.com/watch?v=kkBA2F2lSZA

    Le centre social de Belsunce-Bernard Bois est menacĂ© de fermeture faute de moyen. Je propose Ă  l’équipe de travailleurs sociaux de peindre la rue d’Aix en rose. On a mis les 200 enfants du centre et leurs parents dans le coup. Et avec deux voitures on a dĂ©versĂ© 500 litres de peinture Ă  bateau rose malabar que les gamins ont Ă©talĂ©s sur le sol. RĂ©sultats: en quelques minutes la rue d’Aix Ă©tait entiĂšrement rose, un embouteillage historique (Il faudra sabler la rue pour la rĂ©ouvrir) et un trĂšs beau monochrome.

     

  • Le Patineur de Mars, le Jour de la Saint Marc, 1992, Marseille

    Un vrai-faux record du monde de vitesse en trottinette, un samedi 24 avril Ă  11h, Ă  la rue d’Aubagne qui relie le quartier des artistes de la Plaine Ă  Noailles, celui des Arabes et des Noirs. Je n’ai obtenu aucune autorisation pour cette performance donc j’avais fait croire au Guinness Book et aux journalistes que la mairie et la prĂ©fecture avaient donnĂ© leur accord. Le record Ă©tabli Ă  45, 853km/h garantit mon diplĂŽme des Beaux-Arts et un apĂ©ro au bar de la salle des ventes, chez Amar. Bar de clandos et cabaret de raĂŻ lĂ©gendaire (film inĂ©dit).

     

  • Le travail de Marc Boucherot en quelques faits divers

  • Marc Boucherot, Le Charbonneur de l'Art Contemporain

    2364×1578

    Marc Boucherot est né sous le sapin le 24 décembre 1968 à Nouméa. Cet ancien diplĂŽmĂ©Ì des Beaux-Arts de Marseille a exposĂ©Ì à au Palais de Tokyo, la FIAC (Foire Internationale de l’Art Contemporain), la Fondation Ricard, au FRAC et au MAC (MusĂ©e d’Art contemporain) de Marseille. Il a été invité à plusieurs biennales internationales dont celles de la Havane et de Canton. Son travail a fait l’objet de recherches universitaires notamment Art contemporain et citadins à Marseille, 2012 dirigĂ© par Sylvia Girel (Professeure des universités et chercheuse au CNRS-LAMES/MESOPOLHIS); Paul Ardenne (Agrégé́ d’Histoire & commissaire d’exposition) et ses ouvrages Un Art Contextuel, 2002; Art, le présent, 2009 ; Marc Rosmini (Professeur de philosophie), Marseille Révélée par l’Art Contemporain, 2007…

    “Interventionniste de gĂ©nie et grand archiviste de l’humain, Marc Boucherot s’engage dans le champ du rĂ©el et produit des Ɠuvres dont le point de dĂ©part est l’immersion dans un territoire particulier. Il s’agit alors de mettre Ă  l’épreuve des structures sociales, Ă©conomiques, culturelles et mĂ©diatiques.” (Philippe Vergne, directeur du MAC de Porto). “Sa pratique prend appui sur toutes les formes de travail et d’Ă©conomie parallĂšles, celles qui ne connaissent ni limites, ni frontiĂšres, et contribuent Ă  niveler les valeurs d’usage et d’Ă©change. Un exemple : les baraques mobiles qui servent Ă  gagner trois sous dans la “misĂšre du monde”, peuvent mĂȘme aller jusqu’Ă  s’installer dans une salle du CNAP (…) L’empire de Marc Boucherot est celui du systĂšme D et du rĂ©el in vivo.” (Evelyne Jouanno critique d’art & commissaire d’exposition, MAXXI, Rome).

    Avec Boucherot, on est aux antipodes de l’Ă©talage de virtuositĂ© thĂ©orique qui tourne Ă  vide et des complicitĂ©s de classe du monde de l’art. On se souvient d’un de ses premiers coups d’éclat façon ‘Far West’, du petit train touristique du panier. Une production intitulée « On n’est pas des Gobis » motivée par un processus de folklorisation de la misère, qui conduisait certains guides à vendre du frisson aux touristes en les mettant en garde contre les ‘voleurs de sacs’ de ce quartier populaire. L’épisode fera l’ouverture du 20 heures de TF1. D’autres conservent précieusement le souvenir de 200 minots en train de repeindre la rue d’Aix de Belsunce en rose au balai, sous sa direction, pour protester contre la fermeture de leur centre social. L’Ɠuvre-performance sera intitulée « La Vie en Rose ».

    Boucherot a aussi trimballé son célèbre triporteur (une baraque ambulante classée par le Fond Régional d’Art Contemporain) aux quatre coins du monde. Il s’est infiltré parmi des clandestins mexicains le long de la frontière avec les États-Unis. Il en ramènera des films et des objets (ex-voto et amulettes utilisés pour passer la frontière) qui feront l’objet d’une installation intitulĂ©e « Le Bonheur Pour Pas Cher » à la Fondation Ricard et à l’invitation de la Foire Internationale d’Art Contemporain (commissariat Evelyne Jouanno ). L’artiste s’est aussi fondu dans le quotidien d’une famille libanaise sous les bombardements (« Famille en Guerre », une exposition de photographies à l’Institut Culturel Français de Beyrouth). L’homme s’est aussi immergé dans la vie des cartoneros qui vivent de et dans la plus grande décharge à ciel ouvert de Joao Pessoa dans le Nordeste brésilien. Là, il travaille plusieurs mois avec l’anthropologue Giovanni Souza de Lima et les écologues de l’Université Paraiba sur les conséquences de la pollution des grandes métropoles sur les ĂȘtres vivants de la périphérie. Plus récemment, ce pionnier de l’inventaire du réel a infiltré pendant plusieurs mois (à l’invitation d’Evelyne Jouanno et Hou Hanru pour  la Triennale d’Art Contemporain de Canton, Chine) le quotidien des paysans chinois de Nanlin, un village de haute montagne près de Canton. Le site – qui attire misanthropes désabusés, chinois de la classe supérieure en quête de paradis naturel, parias, politiciens corrompus et investisseurs ambitieux – doit servir de laboratoire pour le développement d’un projet eco-touristique et architectural colossal combinant capitalisme vert et culture. Ce que l’artiste observe dans ce village chinois en cours de transformation ce sont deux ‘esthétiques’ qui se juxtaposent l’une vécue, l’autre construite à travers un exotisme facile teinté d’un rabâchage caporaliste écologiste. Il en sortira « Nanlin, I Love You », une Ɠuvre photographique incitant à la détente internationale.

    CURRICULUM VITAE

    FORMATION

    1992 : DiplĂŽme de l’École des Beaux-Arts de Marseille avec les fĂ©licitations du jury.

    EXPOSITIONS

    • Art-Cade a 25 ans, exposition collective Galerie Art-Cade, Marseille, Novembre 2017-Janvier 2018,
    • Marseille-Beyrouth : Une famille en guerre, Institut culturel français de Beyrouth, 2010
    • Nanlin I love You, Triennale Internationale d’Art Contemporain de Canton, Chine, 2006, Commissariat Evelyne Jouanno (critique d’art) et Hou Hanru (Actuel directeur de MAXXI, MusĂ©e des Arts du 21e s, Rome)
    • Guantanamo, Biennale internationale d’art contemporain de la Havane, Cuba, 2006
    • Biennale de l’urgence en TchĂ©tchĂ©nie, exposition collective et itinĂ©rante, Palais de Tokyo, Paris, 2005, Commissariat Evelyne Jouanno)
    • Le Bonheur pour pas cher, Prosismic, exposition collective. Foire internationale d’art contemporain, (FIAC), Fondation Ricard, Paris, 2004, Commissariat Evelyne Jouanno.
    • Viva Cabrones Mexico, Institut culturel français, Mexico, 2003
    • LĂ  oĂč tu veux, Extramundi, La condition publique, Roubaix, 2004.
    • 2001, tout va bien, exposition rĂ©trospective sur le travail de Marc Boucherot (1990-2001) proposĂ©e par le FRAC PACA au ChĂąteau de ServiĂšres, Marseille, du 17 novembre au 21 dĂ©cembre 2001
    • Hommage a Marcos Veloso, Exposition de Marc Boucherot et du Hors-La au cinĂ©ma les VariĂ©tĂ©s, Marseille, septembre 2001
    • ExpĂ©rimenter le rĂ©el : rĂ©alitĂ© revisitĂ©e, Centre dĂ©partemental d’art contemporain, Albi, 30 mars au 25 juin 2001, Commissariat Paul Ardenne (AgrĂ©gĂ©Ì d’Histoire, commissaire d’exposition et MaĂźtre de confĂ©rences en Histoire & Sciences de l’art Ă  l’UniversitĂ© Picardie Jules-Verne d’Amiens)
    • Petits Leurres et Faux-Semblants, Exposition du FRAC PACA, la Chapelle MĂ©jean, Arles, 23 novembre-24 dĂ©cembre 2000
    • OpĂ©ration Papillon, Exposition ‘Rencontres des Peuples et BiodiversitĂ©s’, ONU, GenĂšve, Juillet 2000
    • Ainsi de suite, Galerie EntrĂ©e 9 Production, Avignon, 24 juin-14 juillet 2000
    • Micropolitiques, Magasin, Centre national d’art contemporain, Grenoble, 6 fevrier-30 avril 2000, Commissariat Paul Ardenne et Christine Macel (responsable de la crĂ©ation contemporaine au musĂ©e national d’art moderne, Centre Pompidou et directrice de la Biennale de Venise en 2017)
    • MĂ©moire d’avenirs, École des Beaux-Arts de Digne les Bains, 10 octobre-16 dĂ©cembre 1999
    • Coup d’Assure, Magasin, Centre national d’art contemporain, Grenoble, 1999, Commissariat Eric Mangion
    • Et hop, voilĂ  l’an 2000, Fondation AgnĂšs b. pour l’art contemporain, 1999
    • Archiver le Travail, Exposition collective, FRAC Poitou-Charentes, 1998
    • Les Jambes de Grand-MĂšre, ARCA, Marseille, 27 fevrier-2 mai 1998
    • Perceptions nomades/espaces urbains : 1ere Ateliers d’Artistes de la Ville de Marseille, 3 octobre-21 novembre 1997
    • Les hĂ©ros ne meurent jamais, dans le cadre de l’exposition collective Des histoires en formes, Une collaboration entre le FRAC, Marseille et le Magasin, Centre d’art contemporain, Grenoble, 7 juin-7 septembre 1997
    • Tout va bien, Galerie du Triangle, Bordeaux, 1996
    • Muito, Espacio Cultural Maoro Motta, Recife, BrĂ©sil, 1996 (cette exposition voyagera Ă  Marseille en 1997 dans le cadre du festival ‘Marseille 10 jours d’Art Contemporain’.)
    • Que de la marque, Art en ThĂšse, Montpellier, 1996, Commissariat Eric Mangion (ancien directeur du FRAC, Marseille et actuel directeur de la Villa D’Arson).
    • OpĂ©ration Papillon, Centre de la Vieille Charite, Marseille, 1996, Commissariat Eric Mangion
    • Monstruosites Âœ, Kleiner Festaal, Berlin, Allemagne, 1996
    • Les Visiteurs, MAC, Galeries contemporaines des MusĂ©es de Marseille, 1995, Commissariat Philippe Vergne (ancien directeur du MAC et du MOCA Los Angeles et actuel directeur du musĂ©e d’art contemporain Serralves, Porto)
    • Avis de TempĂȘte, FRAC PACA, Marseille, 1995, Commissariat Éric Mangion
    • Ils collectionnent, MAC, Galeries contemporaines des MusĂ©es de Marseille, 1994, Commissariat Philippe Vergne
    • A la Masse ou comment faire d’une journĂ©e de travail ordinaire une Ɠuvre d’art totale, Art-Cade Galerie des Grands Bains Douches, Marseille 1994
    • On n’est pas des Gobis, Galerie Art : Concept, Nice, 1994
    • Kiki the last, Galerie Art : Concept, Nice, 1994
    • A propos de Trottinette, Galerie Avanti Rapido, Marseille, 1993
    • Copie/Original, Galerie de l’École des Beaux-Arts, Marseille, 1990.

     

    INTERVENTIONS

    • Le Patineur de Mars, performance rue d’Aubagne, Marseille, 1992
    • La Vie en Rose, performance avec 200 enfants, rue d’Aix, Marseille, 1992
    • Entreprise ou comment d’une journĂ©e de travail ordinaire, performance, Art-Cade, Marseille, 1993
    • Burn-Out, performance dans le cadre de l’exposition collective Luminy rencontre Marseille, galerie de l’École des Beaux-Arts, Marseille, 1993
    • 24 jours aprĂšs mon anniversaire, le 24 dĂ©cembre je dĂ©clare mon indĂ©pendance, Avenue de la rĂ©publique, Marseille, 1993
    • On est pas des gobis, quartier du Panier, Marseille, 1994 (voir dossier de presse, Interview Arte/tracks et ouverture du journal de TF1)
    • Ketama Transport 2010 ou comment tu m’as fait croire que tu partais travailler 2 mois sur un projet humanitaire de distribution de patates dans le Rif, alors que

    • This is England : Immersion dans l’usine Austin-mini d’Oxford suivie de SepticĂ©mie et AdrĂ©naline
    • Association de malfaiteurs franco-italo-soudanaise dans les cuisines d’Alain Ducasse suivi de C’est Ducasse qui rĂ©gale (distribution de plats Ducasse gratuits Ă  Brixton avec Soul Kitchen), Londres  2019.
    • Mes amis les pakis du corner shop suivi de ‘If you come back, I call the police’, Londres 2017
    • Crystal Palace suivi de Crack House Ă  Blenheim Garden, Londres 2018
    • Black Pool : Prenez l’argent lĂ  oĂč il est chez les pauvres, Londres 2018

     

    CONFERENCES

    • Table ronde ‘Marseille rĂ©vĂ©lĂ©e par l’art contemporain’ avec Marc Rosmini (Professeur agrĂ©gĂ© de de Philosophie), LycĂ©e Antonin Artaud, Marseille 2010
    • ‘Passage des frontiĂšres et amulettes,’ IFAL, Mexico, 2003
    • ConfĂ©rence ‘Art contemporain et recyclage : le cas des baraques ambulantes au Maroc’, Institut Français de Casablanca, 2001
    • PrĂ©sentation du projet ‘Les mineurs des poubelles/cantado a vida-chercher la vie dans la plus grande dĂ©charge Ă  ciel ouvert du BrĂ©sil’, UniversitĂ© fĂ©dĂ©rale de ParaĂ­ba, BrĂ©sil, 2000
    • Daqui Pra La : dĂ©bat sur l’art & l’écologie au BrĂ©sil avec le Professeur De Souza Da Silva, Recife, BrĂ©sil, 1996
    • OpĂ©ration Papillon-TraversĂ©e du Surinam au BrĂ©sil par la forĂȘt guyanaise dont l’objectif Ă©tait de rĂ©pertorier, photographier, documenter l’impact des pollutions sur les populations indigĂšnes, prĂ©sentation du projet, Mairie de Kourou, Guyane française, 1995

     

    BIBLIOGRAPHIE 

    Études acadĂ©miques :

    • Paul Ardenne, Art, le PrĂ©sent. La crĂ©ation plasticienne au tournant du XXIe s., Ă©ditions du Regard, 2009
    • Paul Ardenne, Un art contextuel, Ă©ditions Flammarion, 2009
    • Sylvia Girel, ‘Portrait d’un artiste engagé : Marc Boucherot’, Sociologie de l’Art, 2008
    • Sylvia Girel, ‘Art, territoire et action sociale,’ La Vie Sociale 2007/2 numĂ©ro 2
    • Sylvia Girel, Quand artistes et citadins se rencontrent dans l’espace urbain : Des interventions d’artistes Ă  Marseille (1994-2001). [Rapport de recherche] UMR 8562, CNRS 2002
    • Philippe Vergne, Le Moule a Gaufres, Ă©ditions Mereal, 1992
    • Marc Rosmini, Marseille rĂ©vĂ©lĂ©e par l’art contemporain, Ă©ditions Jeanne Laffitte, 2007

     

    Catalogue d’exposition :

    • Catalogue d’exposition Art-Cade a 25 ans, Marseille 2018
    • Prosismic, Fondation Ricard, Paris, 2004 (Evelyne Jouanno)
    • Collection 1989-1999 : FRAC PACA (edition 2000), co-Ă©dition Actes Sud, Arles, 2000
    • Micropolitiques, Magasin, Centre national d’art contemporain, Grenoble, 2000
    • Les jambes de grand-mĂšre, Jean Marc Reol, ARCA, Marseille, 1998
    • OpĂ©ration papillon trans-guyanaise, Bik & Bok Ă©ditions, 1996
    • Les Visiteurs : mode d’emploi, MAC, MusĂ©es de Marseille, 1995

     

    Articles & extraits d’ouvrages (sĂ©lection) :

    • CRASH Magazine 98 Sans Concession, 2022 (Ă©ds Frank Perrin & Armelle Leturcq)
    • Rudy Ricciotti, En Vain, Ă©d. Presses du RĂ©el, 2014
    • ‘Marseille-Bakou, La Mercedes de Marseille-2013 va rouler jusqu’à Bakou,’ La Provence, 2010
    • Charlotte laubard, ‘Natural Born Artist’, Technikart collector, 2002
    • ValĂ©rie Marchi, ‘Boucherot et Achour, les anticonformistes’, L’Oeil, numĂ©ro 532, dĂ©cembre-janvier 2002
    • Rudy Ricciotti, ‘Architecture pour le plaisir’, Connaissances des Arts, numĂ©ro 541, Paris, aout 1997
    • Yves Gerbal, ‘Un art engagé’, Taktik, numĂ©ro 302, Marseille, 1995
    • Philippe Dagen, ‘De l’art de regarder Marseille’, Le Monde, Paris, le 26 janvier 1995
    • Jean-Yves Jouannais, ‘Avis de tempĂȘte’, Art Press, numĂ©ro 197, Paris, dĂ©cembre 1994

     

    TV :

    • TF1-JT DE 20H
    • ARTE-Émission Tracks
    • France 3 Provence

     

    COLLECTIONS PUBLIQUES

    • Acquisition au Fond National d’Art Contemporain, 1999
    • Acquisition au Fond RĂ©gional d’Art Contemporain, PACA, 1994 et 1996

     

    COLLECTION PRIVEE

    • Acquisitions multiples par l’architecte Rudy Ricciotti

     

     

     

     

Marc Boucherot, Le Charbonneur de l'Art Contemporain

2364×1578

Marc Boucherot est né sous le sapin le 24 décembre 1968 à Nouméa. Cet ancien diplĂŽmĂ©Ì des Beaux-Arts de Marseille a exposĂ©Ì à au Palais de Tokyo, la FIAC (Foire Internationale de l’Art Contemporain), la Fondation Ricard, au FRAC et au MAC (MusĂ©e d’Art contemporain) de Marseille. Il a été invité à plusieurs biennales internationales dont celles de la Havane et de Canton. Son travail a fait l’objet de recherches universitaires notamment Art contemporain et citadins à Marseille, 2012 dirigĂ© par Sylvia Girel (Professeure des universités et chercheuse au CNRS-LAMES/MESOPOLHIS); Paul Ardenne (Agrégé́ d’Histoire & commissaire d’exposition) et ses ouvrages Un Art Contextuel, 2002; Art, le présent, 2009 ; Marc Rosmini (Professeur de philosophie), Marseille Révélée par l’Art Contemporain, 2007…

“Interventionniste de gĂ©nie et grand archiviste de l’humain, Marc Boucherot s’engage dans le champ du rĂ©el et produit des Ɠuvres dont le point de dĂ©part est l’immersion dans un territoire particulier. Il s’agit alors de mettre Ă  l’épreuve des structures sociales, Ă©conomiques, culturelles et mĂ©diatiques.” (Philippe Vergne, directeur du MAC de Porto). “Sa pratique prend appui sur toutes les formes de travail et d’Ă©conomie parallĂšles, celles qui ne connaissent ni limites, ni frontiĂšres, et contribuent Ă  niveler les valeurs d’usage et d’Ă©change. Un exemple : les baraques mobiles qui servent Ă  gagner trois sous dans la “misĂšre du monde”, peuvent mĂȘme aller jusqu’Ă  s’installer dans une salle du CNAP (…) L’empire de Marc Boucherot est celui du systĂšme D et du rĂ©el in vivo.” (Evelyne Jouanno critique d’art & commissaire d’exposition, MAXXI, Rome).

Avec Boucherot, on est aux antipodes de l’Ă©talage de virtuositĂ© thĂ©orique qui tourne Ă  vide et des complicitĂ©s de classe du monde de l’art. On se souvient d’un de ses premiers coups d’éclat façon ‘Far West’, du petit train touristique du panier. Une production intitulée « On n’est pas des Gobis » motivée par un processus de folklorisation de la misère, qui conduisait certains guides à vendre du frisson aux touristes en les mettant en garde contre les ‘voleurs de sacs’ de ce quartier populaire. L’épisode fera l’ouverture du 20 heures de TF1. D’autres conservent précieusement le souvenir de 200 minots en train de repeindre la rue d’Aix de Belsunce en rose au balai, sous sa direction, pour protester contre la fermeture de leur centre social. L’Ɠuvre-performance sera intitulée « La Vie en Rose ».

Boucherot a aussi trimballé son célèbre triporteur (une baraque ambulante classée par le Fond Régional d’Art Contemporain) aux quatre coins du monde. Il s’est infiltré parmi des clandestins mexicains le long de la frontière avec les États-Unis. Il en ramènera des films et des objets (ex-voto et amulettes utilisés pour passer la frontière) qui feront l’objet d’une installation intitulĂ©e « Le Bonheur Pour Pas Cher » à la Fondation Ricard et à l’invitation de la Foire Internationale d’Art Contemporain (commissariat Evelyne Jouanno ). L’artiste s’est aussi fondu dans le quotidien d’une famille libanaise sous les bombardements (« Famille en Guerre », une exposition de photographies à l’Institut Culturel Français de Beyrouth). L’homme s’est aussi immergé dans la vie des cartoneros qui vivent de et dans la plus grande décharge à ciel ouvert de Joao Pessoa dans le Nordeste brésilien. Là, il travaille plusieurs mois avec l’anthropologue Giovanni Souza de Lima et les écologues de l’Université Paraiba sur les conséquences de la pollution des grandes métropoles sur les ĂȘtres vivants de la périphérie. Plus récemment, ce pionnier de l’inventaire du réel a infiltré pendant plusieurs mois (à l’invitation d’Evelyne Jouanno et Hou Hanru pour  la Triennale d’Art Contemporain de Canton, Chine) le quotidien des paysans chinois de Nanlin, un village de haute montagne près de Canton. Le site – qui attire misanthropes désabusés, chinois de la classe supérieure en quête de paradis naturel, parias, politiciens corrompus et investisseurs ambitieux – doit servir de laboratoire pour le développement d’un projet eco-touristique et architectural colossal combinant capitalisme vert et culture. Ce que l’artiste observe dans ce village chinois en cours de transformation ce sont deux ‘esthétiques’ qui se juxtaposent l’une vécue, l’autre construite à travers un exotisme facile teinté d’un rabâchage caporaliste écologiste. Il en sortira « Nanlin, I Love You », une Ɠuvre photographique incitant à la détente internationale.

CURRICULUM VITAE

FORMATION

1992 : DiplĂŽme de l’École des Beaux-Arts de Marseille avec les fĂ©licitations du jury.

EXPOSITIONS

  • Art-Cade a 25 ans, exposition collective Galerie Art-Cade, Marseille, Novembre 2017-Janvier 2018,
  • Marseille-Beyrouth : Une famille en guerre, Institut culturel français de Beyrouth, 2010
  • Nanlin I love You, Triennale Internationale d’Art Contemporain de Canton, Chine, 2006, Commissariat Evelyne Jouanno (critique d’art) et Hou Hanru (Actuel directeur de MAXXI, MusĂ©e des Arts du 21e s, Rome)
  • Guantanamo, Biennale internationale d’art contemporain de la Havane, Cuba, 2006
  • Biennale de l’urgence en TchĂ©tchĂ©nie, exposition collective et itinĂ©rante, Palais de Tokyo, Paris, 2005, Commissariat Evelyne Jouanno)
  • Le Bonheur pour pas cher, Prosismic, exposition collective. Foire internationale d’art contemporain, (FIAC), Fondation Ricard, Paris, 2004, Commissariat Evelyne Jouanno.
  • Viva Cabrones Mexico, Institut culturel français, Mexico, 2003
  • LĂ  oĂč tu veux, Extramundi, La condition publique, Roubaix, 2004.
  • 2001, tout va bien, exposition rĂ©trospective sur le travail de Marc Boucherot (1990-2001) proposĂ©e par le FRAC PACA au ChĂąteau de ServiĂšres, Marseille, du 17 novembre au 21 dĂ©cembre 2001
  • Hommage a Marcos Veloso, Exposition de Marc Boucherot et du Hors-La au cinĂ©ma les VariĂ©tĂ©s, Marseille, septembre 2001
  • ExpĂ©rimenter le rĂ©el : rĂ©alitĂ© revisitĂ©e, Centre dĂ©partemental d’art contemporain, Albi, 30 mars au 25 juin 2001, Commissariat Paul Ardenne (AgrĂ©gĂ©Ì d’Histoire, commissaire d’exposition et MaĂźtre de confĂ©rences en Histoire & Sciences de l’art Ă  l’UniversitĂ© Picardie Jules-Verne d’Amiens)
  • Petits Leurres et Faux-Semblants, Exposition du FRAC PACA, la Chapelle MĂ©jean, Arles, 23 novembre-24 dĂ©cembre 2000
  • OpĂ©ration Papillon, Exposition ‘Rencontres des Peuples et BiodiversitĂ©s’, ONU, GenĂšve, Juillet 2000
  • Ainsi de suite, Galerie EntrĂ©e 9 Production, Avignon, 24 juin-14 juillet 2000
  • Micropolitiques, Magasin, Centre national d’art contemporain, Grenoble, 6 fevrier-30 avril 2000, Commissariat Paul Ardenne et Christine Macel (responsable de la crĂ©ation contemporaine au musĂ©e national d’art moderne, Centre Pompidou et directrice de la Biennale de Venise en 2017)
  • MĂ©moire d’avenirs, École des Beaux-Arts de Digne les Bains, 10 octobre-16 dĂ©cembre 1999
  • Coup d’Assure, Magasin, Centre national d’art contemporain, Grenoble, 1999, Commissariat Eric Mangion
  • Et hop, voilĂ  l’an 2000, Fondation AgnĂšs b. pour l’art contemporain, 1999
  • Archiver le Travail, Exposition collective, FRAC Poitou-Charentes, 1998
  • Les Jambes de Grand-MĂšre, ARCA, Marseille, 27 fevrier-2 mai 1998
  • Perceptions nomades/espaces urbains : 1ere Ateliers d’Artistes de la Ville de Marseille, 3 octobre-21 novembre 1997
  • Les hĂ©ros ne meurent jamais, dans le cadre de l’exposition collective Des histoires en formes, Une collaboration entre le FRAC, Marseille et le Magasin, Centre d’art contemporain, Grenoble, 7 juin-7 septembre 1997
  • Tout va bien, Galerie du Triangle, Bordeaux, 1996
  • Muito, Espacio Cultural Maoro Motta, Recife, BrĂ©sil, 1996 (cette exposition voyagera Ă  Marseille en 1997 dans le cadre du festival ‘Marseille 10 jours d’Art Contemporain’.)
  • Que de la marque, Art en ThĂšse, Montpellier, 1996, Commissariat Eric Mangion (ancien directeur du FRAC, Marseille et actuel directeur de la Villa D’Arson).
  • OpĂ©ration Papillon, Centre de la Vieille Charite, Marseille, 1996, Commissariat Eric Mangion
  • Monstruosites Âœ, Kleiner Festaal, Berlin, Allemagne, 1996
  • Les Visiteurs, MAC, Galeries contemporaines des MusĂ©es de Marseille, 1995, Commissariat Philippe Vergne (ancien directeur du MAC et du MOCA Los Angeles et actuel directeur du musĂ©e d’art contemporain Serralves, Porto)
  • Avis de TempĂȘte, FRAC PACA, Marseille, 1995, Commissariat Éric Mangion
  • Ils collectionnent, MAC, Galeries contemporaines des MusĂ©es de Marseille, 1994, Commissariat Philippe Vergne
  • A la Masse ou comment faire d’une journĂ©e de travail ordinaire une Ɠuvre d’art totale, Art-Cade Galerie des Grands Bains Douches, Marseille 1994
  • On n’est pas des Gobis, Galerie Art : Concept, Nice, 1994
  • Kiki the last, Galerie Art : Concept, Nice, 1994
  • A propos de Trottinette, Galerie Avanti Rapido, Marseille, 1993
  • Copie/Original, Galerie de l’École des Beaux-Arts, Marseille, 1990.

 

INTERVENTIONS

  • Le Patineur de Mars, performance rue d’Aubagne, Marseille, 1992
  • La Vie en Rose, performance avec 200 enfants, rue d’Aix, Marseille, 1992
  • Entreprise ou comment d’une journĂ©e de travail ordinaire, performance, Art-Cade, Marseille, 1993
  • Burn-Out, performance dans le cadre de l’exposition collective Luminy rencontre Marseille, galerie de l’École des Beaux-Arts, Marseille, 1993
  • 24 jours aprĂšs mon anniversaire, le 24 dĂ©cembre je dĂ©clare mon indĂ©pendance, Avenue de la rĂ©publique, Marseille, 1993
  • On est pas des gobis, quartier du Panier, Marseille, 1994 (voir dossier de presse, Interview Arte/tracks et ouverture du journal de TF1)
  • Ketama Transport 2010 ou comment tu m’as fait croire que tu partais travailler 2 mois sur un projet humanitaire de distribution de patates dans le Rif, alors que

  • This is England : Immersion dans l’usine Austin-mini d’Oxford suivie de SepticĂ©mie et AdrĂ©naline
  • Association de malfaiteurs franco-italo-soudanaise dans les cuisines d’Alain Ducasse suivi de C’est Ducasse qui rĂ©gale (distribution de plats Ducasse gratuits Ă  Brixton avec Soul Kitchen), Londres  2019.
  • Mes amis les pakis du corner shop suivi de ‘If you come back, I call the police’, Londres 2017
  • Crystal Palace suivi de Crack House Ă  Blenheim Garden, Londres 2018
  • Black Pool : Prenez l’argent lĂ  oĂč il est chez les pauvres, Londres 2018

 

CONFERENCES

  • Table ronde ‘Marseille rĂ©vĂ©lĂ©e par l’art contemporain’ avec Marc Rosmini (Professeur agrĂ©gĂ© de de Philosophie), LycĂ©e Antonin Artaud, Marseille 2010
  • ‘Passage des frontiĂšres et amulettes,’ IFAL, Mexico, 2003
  • ConfĂ©rence ‘Art contemporain et recyclage : le cas des baraques ambulantes au Maroc’, Institut Français de Casablanca, 2001
  • PrĂ©sentation du projet ‘Les mineurs des poubelles/cantado a vida-chercher la vie dans la plus grande dĂ©charge Ă  ciel ouvert du BrĂ©sil’, UniversitĂ© fĂ©dĂ©rale de ParaĂ­ba, BrĂ©sil, 2000
  • Daqui Pra La : dĂ©bat sur l’art & l’écologie au BrĂ©sil avec le Professeur De Souza Da Silva, Recife, BrĂ©sil, 1996
  • OpĂ©ration Papillon-TraversĂ©e du Surinam au BrĂ©sil par la forĂȘt guyanaise dont l’objectif Ă©tait de rĂ©pertorier, photographier, documenter l’impact des pollutions sur les populations indigĂšnes, prĂ©sentation du projet, Mairie de Kourou, Guyane française, 1995

 

BIBLIOGRAPHIE 

Études acadĂ©miques :

  • Paul Ardenne, Art, le PrĂ©sent. La crĂ©ation plasticienne au tournant du XXIe s., Ă©ditions du Regard, 2009
  • Paul Ardenne, Un art contextuel, Ă©ditions Flammarion, 2009
  • Sylvia Girel, ‘Portrait d’un artiste engagé : Marc Boucherot’, Sociologie de l’Art, 2008
  • Sylvia Girel, ‘Art, territoire et action sociale,’ La Vie Sociale 2007/2 numĂ©ro 2
  • Sylvia Girel, Quand artistes et citadins se rencontrent dans l’espace urbain : Des interventions d’artistes Ă  Marseille (1994-2001). [Rapport de recherche] UMR 8562, CNRS 2002
  • Philippe Vergne, Le Moule a Gaufres, Ă©ditions Mereal, 1992
  • Marc Rosmini, Marseille rĂ©vĂ©lĂ©e par l’art contemporain, Ă©ditions Jeanne Laffitte, 2007

 

Catalogue d’exposition :

  • Catalogue d’exposition Art-Cade a 25 ans, Marseille 2018
  • Prosismic, Fondation Ricard, Paris, 2004 (Evelyne Jouanno)
  • Collection 1989-1999 : FRAC PACA (edition 2000), co-Ă©dition Actes Sud, Arles, 2000
  • Micropolitiques, Magasin, Centre national d’art contemporain, Grenoble, 2000
  • Les jambes de grand-mĂšre, Jean Marc Reol, ARCA, Marseille, 1998
  • OpĂ©ration papillon trans-guyanaise, Bik & Bok Ă©ditions, 1996
  • Les Visiteurs : mode d’emploi, MAC, MusĂ©es de Marseille, 1995

 

Articles & extraits d’ouvrages (sĂ©lection) :

  • CRASH Magazine 98 Sans Concession, 2022 (Ă©ds Frank Perrin & Armelle Leturcq)
  • Rudy Ricciotti, En Vain, Ă©d. Presses du RĂ©el, 2014
  • ‘Marseille-Bakou, La Mercedes de Marseille-2013 va rouler jusqu’à Bakou,’ La Provence, 2010
  • Charlotte laubard, ‘Natural Born Artist’, Technikart collector, 2002
  • ValĂ©rie Marchi, ‘Boucherot et Achour, les anticonformistes’, L’Oeil, numĂ©ro 532, dĂ©cembre-janvier 2002
  • Rudy Ricciotti, ‘Architecture pour le plaisir’, Connaissances des Arts, numĂ©ro 541, Paris, aout 1997
  • Yves Gerbal, ‘Un art engagé’, Taktik, numĂ©ro 302, Marseille, 1995
  • Philippe Dagen, ‘De l’art de regarder Marseille’, Le Monde, Paris, le 26 janvier 1995
  • Jean-Yves Jouannais, ‘Avis de tempĂȘte’, Art Press, numĂ©ro 197, Paris, dĂ©cembre 1994

 

TV :

  • TF1-JT DE 20H
  • ARTE-Émission Tracks
  • France 3 Provence

 

COLLECTIONS PUBLIQUES

  • Acquisition au Fond National d’Art Contemporain, 1999
  • Acquisition au Fond RĂ©gional d’Art Contemporain, PACA, 1994 et 1996

 

COLLECTION PRIVEE

  • Acquisitions multiples par l’architecte Rudy Ricciotti

 

 

 

 

Le Patineur de Mars, le Jour de la Saint Marc, 1992, Marseille

Un vrai-faux record du monde de vitesse en trottinette, un samedi 24 avril Ă  11h, Ă  la rue d’Aubagne qui relie le quartier des artistes de la Plaine Ă  Noailles, celui des Arabes et des Noirs. Je n’ai obtenu aucune autorisation pour cette performance donc j’avais fait croire au Guinness Book et aux journalistes que la mairie et la prĂ©fecture avaient donnĂ© leur accord. Le record Ă©tabli Ă  45, 853km/h garantit mon diplĂŽme des Beaux-Arts et un apĂ©ro au bar de la salle des ventes, chez Amar. Bar de clandos et cabaret de raĂŻ lĂ©gendaire (film inĂ©dit).

 

La Vie en Rose, Marseille, 1992

https://www.youtube.com/watch?v=kkBA2F2lSZA

Le centre social de Belsunce-Bernard Bois est menacĂ© de fermeture faute de moyen. Je propose Ă  l’équipe de travailleurs sociaux de peindre la rue d’Aix en rose. On a mis les 200 enfants du centre et leurs parents dans le coup. Et avec deux voitures on a dĂ©versĂ© 500 litres de peinture Ă  bateau rose malabar que les gamins ont Ă©talĂ©s sur le sol. RĂ©sultats: en quelques minutes la rue d’Aix Ă©tait entiĂšrement rose, un embouteillage historique (Il faudra sabler la rue pour la rĂ©ouvrir) et un trĂšs beau monochrome.

 

On est pas des Gobis, l'attaque du train du Panier, Marseille 1994

La performance a eu lieu le 14 juillet 1994. Elle consistait Ă  attaquer avec des Ɠufs et de la farine le petit train touristique du Panier qui faisait passer les habitants du quartier pour des singes dans un zoo. Mon objectif : engendrer un dĂ©sagrĂ©ment salutaire. L’épisode fera l’ouverture du 20 heures de TF1. L’action sera jugĂ©e au tribunal et exposĂ©e le mĂȘme jour au MAC de Marseille (photos et mon procĂšs-verbal) posant le problĂšme du jugement de l’Etat et des institutions dans ce type d’affaires.

A la masse, Marseille 1993

Faire d’une journĂ©e ordinaire de chantier un acte artistique exceptionnel. Suite Ă  une invitation de Anne Marie Pecheur, Jean Baptiste Audat (artiste panafricain) et Francois Batzoli (Professeur d’histoire de l’art qui s’Ă©coute parler) qui venaient d’acquĂ©rir  les grands bains douche de la rue de la bibliothĂšque Ă  Marseille pour y crĂ©er la galerie Art Cade, je leur propose de m’occuper de la dĂ©molition et de l’extraction des gravas de plus de 300 m2 de cloisons, de baignoires en marbre ainsi que de la tuyauterie, chaufferie et d’une immense cuve en mĂ©tal de plusieurs tonnes. Je fonde alors ‘Enterprise” la premiĂšre entreprise de BTP qui n’existe pas avec un poing fermĂ© prĂȘt Ă  frapper comme logo. Pour la sĂ©curitĂ© du chantier, j’opĂšre sous la direction d’un futur grand architecte: Bastien Rispoli. Je constitue un bataillon de 20 collĂšgues de bar que j’habille des pieds Ă  la tĂȘte en respectant scrupuleusement tous les codes visuels des entreprises de BTP avec tenues et outil siglĂ©s au logo “Enterprise”. Je loue des chalumeaux dĂ©coupeurs, un marteau piqueur et une immense benne de 21 m3. Le Jour J c’est titanesque, toute l’Ă©quipe s’envole dans un Ă©lan de destruction massive et c’est le chaos. Les murs tombent les uns aprĂšs les autres, les tuyaux sont transformĂ©s en mikado. L’aprĂšs midi c’est le balet incessant des brouettes qui extraient les gravas vers la benne gĂ©ante. Avec le centre social de la rue D’Aix (toujours ouvert aprĂšs l’opĂ©ration “la Vie en Rose”), j’organise des visites pour les gamins dont les papas travaillent souvent dans le BTP. Des artistes et des gens de la culture suivront la dĂ©molition jusqu’Ă  la fin du chantier. Bilan: 21m3 de gravas, 300m2 de vide, 20 travailleurs bĂ©nĂ©voles, pas d’autorisation, pas d’agrĂ©ment, pas d’assurance, pas de contrĂŽle…pas de blessĂ©. Le tout en plein centre ville… Une Ă©poque bĂ©nie des dieux. Un entrepreneur qui visitait la fin de chantier me propose mĂȘme d’embaucher tout le monde, mais tous prĂ©fĂšrent retourner au bar. AprĂšs deux ans de rĂ©novation, la galerie ouvre ses portes et je participe Ă  la premiĂšre exposition ou je montre tout le matĂ©riel et les outils. Comme pour toutes les entreprises qui n’existent pas, je n’ai jamais eu d’atelier, je n’ai jamais Ă©tĂ© payĂ© et je n’ai jamais touchĂ© d’argent public pour mon travail.

Burn out d'un dragster, Marseille, 1993

A l’invitation de l’École des Beaux-Arts de Marseille autour d’un projet intitulĂ© “Luminy Ă  la rencontre de Marseille” qui cherchait Ă  combler le gouffre entre le mileu des artistes et les habitants de Marseille. Je dĂ©cide de faire venir Ă  l’intĂ©rieur de la galerie un dragster fabriquĂ© par des amis du gang de bikers “les Huns” de Bordeaux  et pilotĂ© par Jojo Merignac, leur prĂ©sident. Le soir du vernissage, on fait un burn out contre le mur allouĂ© par la galerie de l’École d’art. L’idĂ©e Ă©tait de mettre rĂ©ellement en contact les gens de l’École d’art et Marseille. Comment ? En obligeant tous les spectateurs Ă  sortir de la galerie pour se retrouver dans la rue. Le soir du vernissage, on attend que la galerie soit pleine Ă  craquer pour faire dĂ©marrer le dragster, roue avant bloquĂ©e et pneu arriĂšre brulant sur lui mĂȘme jusqu’a exploser dans un vacarme insupportable et une fumĂ©e dense rendant la salle d’exposition irrespirable. Le public des afficionados de l’art contemporain doit alors trouver la sortie et se rĂ©fugier dans la rue. J’avais demandĂ© Ă  des complices d’appeler les pompiers afin de rendre l’atmosphĂšre encore plus chaotique. La rencontre entre l’art contemporain et la rue marseillaise a bien eu lieu ce soir lĂ . Et l’art au final ? Une trace sur le mur laissĂ©e par la gomme du pneu brulĂ© et un trou dans le sol immaculĂ© de la galerie.

que de la marque

Que de la Marque, HLM du Petit Bard, Montpellier, 1994

Une exposition des logos gĂ©ants des plus grandes marques de vĂȘtement des annĂ©es 90s dans la citĂ© du Petit Bard (Montpellier). L’exposition sera prĂ©cĂ©dĂ©e d’un match de foot et suivie d’un grand LOTO. Des vĂȘtements de marque pouvaient ĂȘtre gagnĂ©s, mais au Petit Bard personne ne tire le gros lot.

Les héros ne meurent jamais, Colombie, 1993-1994

FunĂ©railles de Pablo Escobar en Colombie, 1993. A mon retour de Colombie, j’installe des hauts parleurs dans les spots de deal du quartier du panier Ă  Marseille et un soir je diffuse le son d’un documentaire sur l’histoire des cartels de Colombie intitulĂ© ‘A qui profite le trafic de cocaine ?’ Au mĂȘme moment, un grand portrait photographique du parrain colombien est exposĂ© au FRAC (Avis de TempĂȘte, commissariat Eric Mangion)

Opération Papillon, Guyane, 1995

OpĂ©ration papillon, n.f. (lat. operation papilio), expĂ©dition trans-guyanaise que je rĂ©alise en 1995 avec Jacky Halter et Marie Ange de la Pinta, la sorciĂšre du Panier. Objectif: explorer la plus grande frontiĂšre francaise et rĂ©ouvrir l’ancienne route migratoire qui permettait aux Indiens EmĂ©rillons de migrer de Camopi vers la cote Caraibe. AprĂšs ĂȘtre partis du Surinam en pirogues en direction du BrĂ©sil et avoir traversĂ© la montagne à pieds avec 23kg sur le dos, on arrive à Camp Jesus. A notre arrivĂ©e, nos guides Ă©taient dĂ©jà partis aprĂšs s’ĂȘtre saoulĂ©s sur place et avec leur paye en poche. Un seul guide de la premiĂšre Ă©quipe dĂ©cide de rester avec nous: Marcel Sabayo, ancien soldat amĂ©rindien du Jungle Commando. Dans la crique voisine, nous dĂ©couvrons une plaque qui indique “Henry de Monfreid est mort à Camp Jesus” et une pirogue coulĂ©e que nous rĂ©parons avec nos habits. Nous fabriquons des rames avec des troncs d’arbres et descendons d’affluent en affluent, en se disant que les petits se jettent dans les grands. Une semaine de voyage sans alcool, sans cigarette avant d’atteindre Camopi en terres Ă©mĂ©rillons et enfin le BrĂ©sil avec Villa BrĂ©sil, premiĂšre enclave brĂ©silienne en Guyane dans l’Ă©tat d’Amapa. Deux mois plus tard, une exposition aura lieu à la mairie de Camopi…

 

Muito, peu c'est déjà beaucoup, Récife, Brésil, 1996

Je pars avec Yann Daumas et Sofiane Mammeri vivre et travailler six mois dans la communautĂ© de Tapacura, une favela situĂ©e sur les rives du fleuve Capibaribe de RĂ©cife dans le cadre d’un Ă©change culturel Marseille/Pernambuco. On s’installe chez une famille mais les gens de la favela ne nous font pas confiance. Alors on organise des matchs de foot avec les gamins avec tee shirt Ă  gagner, puis on passe aux ateliers vidĂ©o. Il nous a fallu trois mois pour sortir les camĂ©scopes. Et nous avons rĂ©flĂ©chi a ce que pouvait signifier la crĂ©ation artistique au milieu de l’extrĂȘme pauvretĂ©. La rĂ©ponse s’est imposĂ©e d’elle-mĂȘme quand nous avons eu nous aussi des problĂšmes d’argent. Il fallait trouver un moyen de s’autofinancer. Nous avons construit avec l’aide des gens qui nous entouraient ces fameuses baracas dont nous avons fait un moyen de survie. Les baracas sont des architectures de premiĂšres nĂ©cessitĂ©s, des baraques ambulantes vendant boissons, nourriture et son. Peu Ă  peu, nous nous sommes convaincus de l’idĂ©e de recomposer cet environnement utilitaire qui reprĂ©sente 60% de l’économie parallĂšle du Nordeste. MontrĂ©e Ă  la Fondation Joachim Nabuco, l’une des plus anciennes institutions musĂ©ales de Recife, notre exposition de charrettes Ă  bras fait scandale. Nous nous Ă©tions dĂ©brouillĂ©s pour organiser un systĂšme de transport afin de permettre aux habitants de la favela de venir au vernissage. Pour moi, une action artistique c’est quand une histoire fonctionne et que tous ses acteurs parviennent Ă  s’y inscrire. Et cela a effectivement fonctionnĂ©. Les gens de la favela sont venus nombreux, ont vu leurs objets, se sont appropriĂ©s le lieu, et se sont mis Ă  danser
Mais cela n’a pas amusĂ© l’institution qui ferme le lieu au public deux jours seulement aprĂšs le vernissage.

Triennale de Canton : pourquoi j'ai du voler ma propre piĂšce, Chine 2006

Triennale Internationale d’Art Contemporain de Canton, Chine, 2006, Commissariat Evelyne Jouanno et Hou Hanru. Nanlin est une petite ville en zone pĂ©ri-urbaine destinĂ©e Ă  devenir le premier site d’éco-tourisme de Chine. Pour promouvoir ce projet, les entreprises chinoises ont fait appel Ă  trois artistes français (Sylvie Blocher, Matthieu Brillant et moi-mĂȘme). Le projet officiel visait Ă  archiver la mĂ©moire vivante du site avec l’aide des habitants et des Ă©cologues locaux. Je fabrique avec les habitants et  Ă  leur demande un karaokĂ© ambulant invitant « Ă  la dĂ©tente » internationale. Le karaokĂ© est exposĂ© dans un musĂ©e local dans le cadre de la triennale de Canton. Je dĂ©cide de voler ma propre piĂšce pour l’exposer au centre du village de Nanlin ou elle a Ă©tĂ© fabriquĂ©e. Un feu d’artifice d’adieu en forme de croix m’attend. Campai !

 

Nanlin I love you, Triennale de Canton, Chine 2006

 

 

Eu Moro Aqui/J'habite ici. RĂ©cife & JoĂŁo Pessoa, 1997-2004

 

Synopsis : JoĂŁo Pessoa, capitale de l’État de ParaĂŻba au BrĂ©sil. Cette communautĂ© d’un millier d’ñmes trie les dĂ©chets pour les revendre Ă  des marchands de matĂ©riaux de rebut. C’est le plus bas niveau de l’échelle de l’économie parallĂšle brĂ©silienne. Ces personnes vivent dans des cabanes de tĂŽles ondulĂ©es et de cartons, et se nourrissent des dĂ©chets trouvĂ©s. C’est en partenariat avec le professeur Giovanni, anthropologue de l’universitĂ© fĂ©dĂ©rale de JoĂŁo Pessoa que ce documentaire a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©. Celui-ci rĂ©alise une thĂšse sur les petites mains de l’économie de survie (dans le domaine du recyclage de matĂ©riaux en tout genre) au BrĂ©sil. Il montre les diffĂ©rentes Ă©tapes du tri et de la sĂ©lection des matĂ©riaux, les conditions inhumaines de survie de ces individus et l’énorme problĂšme Ă©cologique que ce site crĂ©e.

Catando a vida, de Marc Boucherot, film 20’.

LES REPERCUSSIONS DU FILM :

A la suite des prises de vue rĂ©alisĂ©es en 2000 Ă  la demande du professeur de l’UFPB Giovanni Souza sur la rĂ©alitĂ© des collecteurs d’ordures du site du Roger, il Ă©tait incontournable pour Marc Boucherot d’y retourner, afin de constater l’Ă©volution de la situation

Lors de son retour en fĂ©vrier 2002, la situation a considĂ©rablement Ă©voluĂ©, tout d’abord grĂące aux images faites par Marc en 2000, le professeur Giovanni Souza de Lima a pu faire prendre conscience aux autoritĂ©s et Ă  la presse locale de la gravitĂ© de la situation humaine et Ă©cologique du site.

A la suite de la diffusion du documentaire, il y a eu un regain d’Ă©nergie de la part des travailleurs et des associations qui les soutiennent pour revendiquer de nouveau des moyens plus dĂ©cents de travail et de survie. Les travailleurs de matĂ©riaux de recyclage (ASTRAMAR) qui habitent sur le dĂ©potoir ou dans la favela du HESS, contigu Ă  la dĂ©charge ont gagnĂ© en investissant les locaux de la PrĂ©fecture de JoĂŁo Pessoa et en manifestant dans les rues de la capitale.

Un programme a Ă©tĂ© mis au point par le gouvernement de l’État, rĂ©pondant plus ou moins aux demandes des « catadores » (chercheurs de poubelles):

-Le relogement partiel des gens qui vivaient jusqu’Ă  prĂ©sent dans la dĂ©charge et se nourrissaient de dĂ©tritus. Mais malheureusement ce relogement s’est effectuĂ© dans des conditions proches de celles du dĂ©potoir (environnement trĂšs violent dĂ» Ă  l’insalubritĂ© et Ă  la promiscuitĂ© et surtout dĂ» Ă  l’abandon total des pouvoirs publics).

-L’interdiction de travailler pour les mineurs de moins de 15 ans avec obligation d’aller Ă  l’école (faute de quoi, on supprime Ă  la famille la bourse dĂ©risoire qui leur est allouĂ©e).Avec la menace de prison si les enfants sont pris en train de travailler sur le dĂ©potoir par la police qui veille 24 h sur 24.

-La construction d’un mur d’enceinte dissuasif tout autour du lieu.

-Le retrait définitif des animaux que certains éleveurs urbains nourrissaient sur la décharge (porcs) pour des raisons économiques.

-la construction d’une centrale de captation afin d’organiser un tri sĂ©lectif fait directement par les « Catadores », Ă©vitant au passage les intermĂ©diaires (atraversadores) qui achetaient jusque-lĂ  de façon obligatoire et rĂ©pressive les matĂ©riaux triĂ©s par les catadores pour les revendre jusqu’Ă  100 fois plus cher Ă  quelques mĂštres de lĂ  aux « vendadores » (vendeurs). A terme, la dĂ©charge devrait d’ici quelques annĂ©es disparaĂźtre pour ĂȘtre transfĂ©rĂ©e ailleurs, mais le problĂšme reste insoluble car aucune autre commune avoisinante ne veut de ce « cauchemar Ă  ciel ouvert ». -Le problĂšme reste dans son intĂ©gralitĂ© pour les dĂ©chets hospitaliers, toujours stockĂ©s dans des tranchĂ©es Ă  l’air libre, sans aucun traitement de dĂ©contamination au prĂ©alable et de maniĂšre totalement illĂ©gale et sur lesquelles les autoritĂ©s ferment les yeux.

Le bonheur pour pas cher avec Aldo Las Vegas, FIAC, Paris 2004

Charettes Ă  bras

Opulence des Ă©conomies parallĂšles. Prosismic, Fondation Ricard, FIAC, 2004

Texte et entretien Evelyne Jouanno, commissaire d’exposition

L’empire de Marc Boucherot est celui de la combine et du systĂšme D, du rĂ©el in vivo pour le meilleur et pour le pire. Quand il n’est pas Ă  Marseille pour dĂ©clencher des actions avec ses “frĂšres” de quartiers (attaque d’un petit train de touristes, badigeonnage en rose de toute une avenue par des enfants, record du monde de vitesse en trottinette
), ou au milieu des fĂȘtes et manifestations avec ses baraques ambulantes et sonorisĂ©es, c’est qu’il se trouve Ă  l’autre bout du monde, dans les coins retirĂ©s et sensibles (Colombie, Nordeste du BrĂ©sil, Maroc, frontiĂšre amĂ©ricano-mexicaine
), d’oĂč il ramĂšne tĂ©moignages filmĂ©s et inspiration. Tournant dos depuis plus de dix ans aux systĂšmes Ă©tablis, l’art est devenu pour lui un champ d’action permettant de nĂ©gocier et d’interagir directement avec rĂ©alitĂ©, d’y soulever aussi les injustices et les incohĂ©rences. Sa pratique prend appui sur les formes d’Ă©conomies parallĂšles, celles qui ne connaissent ni limites, ni frontiĂšres, et contribuent Ă  niveler les valeurs d’usage et d’Ă©change. Les baraques mobiles qui servent Ă  gagner trois sous dans la “misĂšre du monde”, peuvent mĂȘme aller jusqu’Ă  s’installer dans une salle de musĂ©e. Sous l’intitulĂ© Ă  l’humour quelque peu dĂ©calĂ© Tout va bien, l’artiste les utilise alors pour y proposer « Le bonheur pour pas cher ».

UN ENTRETIEN Evelyne Jouanno / Marc Boucherot

Depuis plus de dix ans, tu travailles plutĂŽt en “hors-champ” : plutĂŽt hors des structures institutionnelles et du marchĂ© (de l’art !), plutĂŽt hors de France (BrĂ©sil, Maroc, frontiĂšre amĂ©ricano-mexicaine, rassemblements altermondialistes
). Comment considĂšres-tu ton rĂŽle en tant qu’artiste ?

Je pense que le travail d’artiste et celui de citoyen, c’est pareil. Aujourd’hui on nous parle de mondialisation, mais il faudrait aller regarder sur le terrain comment cela se passe. Mon objectif est d’utiliser l’art comme vecteur de permissibilitĂ© dans un systĂšme de plus en plus rĂ©pressif et intransigeant. Car l’Ɠuvre d’art, une fois dĂ©placĂ©e hors de ses lieux habituels de prĂ©sentation, devient un vide juridique. J’utilise donc sciemment le medium art-culture pour interagir avec la rue. Si j’Ă©tais “monsieur tout le monde”, on ne me donnerait pas ce droit. Sous l’Ă©gide de l’art, tout est permis.

Tout va bien : un alibi ? une ironie ? un mode de vie ?

Les trois ! Tout va bien Ă©voque les formes d’Ă©conomie parallĂšle que l’on trouve dans tout le monde pauvre. C’est l’idĂ©e de l’ingĂ©niositĂ© des gens poussĂ©s par les nĂ©cessitĂ©s Ă©conomiques Ă  fabriquer des objets qui puissent avoir une vraie vie Ă©conomique de rue. Car plus il y a de riches, plus il y a de pauvres ; et face au systĂšme international mis en place, d’autres systĂšmes sont inventĂ©s pour survivre. J’ai ramenĂ© mes premiĂšres baraques ambulantes du marchĂ© de recyclage de Casablanca. Mes objets, au-delĂ  d’ĂȘtre de jolies sculptures Ă  regarder dans un musĂ©e, sont capables d’assumer la rĂ©alitĂ© et de s’autofinancer par une fonctionnalitĂ© quelconque (dĂ©bit de boissons, nourriture, objets Ă  vendre…), en donnant une raison sociale Ă  la personne qui les utilise.

Et LĂ  oĂč tu veux ?

Mon triporteur LĂ  oĂč tu veux est une utopie permanente. Car pour moi, la vĂ©ritable richesse, elle est de la rencontre avec les autres. LĂ  oĂč tu veux est conduisible dĂšs 14 ans, amĂ©nagĂ© avec sono, micro, enceintes, machine Ă  pression, rĂ©frigirateur, comptoir dĂ©pliant, toit amovible, bĂąche, remorque et groupe Ă©lectrogĂšne. C’est un point de communication mobile capable d’animer une fĂȘte, de diffuser boissons et cigarettes, mais aussi pains au chocolat et films Ă  montrer devant les Ă©coles contre la toxicomanie et les maladies sexuellement transmissibles… LĂ  encore, c’est l’idĂ©e de l’objet qui n’est pas simplement joli Ă  regarder, mais capable de s’adapter Ă  diverses situations et d’assumer une fonction sociale dans la rue.

Et Le bonheur pour pas cher ?

Ces pochettes renvoient Ă  l’art consommable : soit tu es fĂ©tichiste et tu les gardes comme Ɠuvres d’art, soit tu les ouvres et les consommes.

Que signifie pour toi le déplacement de ton travail dans un contexte artistique, comme ici, dans le cadre de Prosismic ?

Je ne me pose pas la question de savoir si mon travail plaĂźt ou ne plaĂźt pas. Mon souci est que mes objets, qu’ils soient appelĂ©s sculptures ou autres, puissent occasionner de la communication, du bonheur et de la vie.

 

A Marseille, la culture c'est l'attaque, MP 2013

En plein lancement de Marseille Capitale de la Culture en 2013, je repeins une vieille 104 en rose en piratant le logo officiel de Marseille 2013, que je dĂ©tourne pour en faire “A Marseille, La Culture C’est l’Attaque” avec une kalachnikov en rĂ©fĂ©rence aux rĂšglements de compte qui secouaient la ville. Je rĂ©alise des affiches avec le mĂȘme logo que je colle partout dans la ville la veille de la confĂ©rence de presse internationale qui Ă©tait censĂ©e ouvrir le bal. La confusion sera totale. Je roulerai avec la 104 rose sans papier et sans assurance pendant toute l’annĂ©e 2013 arguant Ă  chaque controle de police que je travaille pour Marseille 2013. J’abandonne le vĂ©hicule Ă  la place des moulins au Panier (celle ou nous avions attaquĂ© le train quelques annĂ©es auparavant). La 104 aura le mĂȘme destin que beaucoup de piĂšces financĂ©es par l’argent public : A LA CASSE.